Réfugiés : le dispositif de «réinstallation»

Mis en place avec le ministère de l’Intérieur français, dans le cadre d’une coopération avec le HCR (Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés), le dispositif de réinstallation de réfugiés repose sur trois caractéristiques : identifier, directement dans les camps du Proche-Orient, les personnes les plus vulnérables (notamment des familles avec des enfants gravement malades) ; leur assurer un accès légal et sécurisé au territoire français ; anticiper leur accueil, qui est organisé avant leur arrivée.

Depuis un an, la Fédération de l’Entraide protestante participe au programme de réinstallation de réfugiés syriens en France. Adrien Sekali, coordinateur pour la FEP de ce programme d’urgence, remarque : «On insiste beaucoup sur l’hébergement des réfugiés. Il est bien sûr indispensable, et conditionne leur arrivée, mais cela n’est pas suffisant. Pour les accueillir dignement, il faut travailler sur la globalité de leur accueil.» Pour cela, la FEP a mis en place des collectifs locaux qui ont déjà entouré et accompagné 150 réfugiés syriens et irakiens. «C’est primordial, poursuit Adrien Sekali, car ils vivent un déchirement. Confrontés à un grand vide, coupés de leur langue et de leurs racines, ils doivent être soutenus pour se reconstruire et pour s’intégrer.»

Dans les Cévennes gardoises

En février dernier, Amnesty International a lancé une campagne nationale pour sensibiliser les maires de France à ce dispositif de réinstallation. À la suite de l’appel de cet hiver, une dizaine de communes se sont engagées. Dans les Cévennes gardoises, Le Vigan et Mandagout ont proposé de loger entre 20 et 30 personnes. «La fraternité est un combat. Nous devons faire vivre cette valeur et être dignes de l’histoire des Cévennes», insiste Éric Doulcier, maire du Vigan. «C’est une démarche du cœur, qui me semble évidente», nuance Francine Arbus, maire de Mandagout (400 habitants), qui détaille : «Un logement municipal, libéré cet été, nous permettra d’offrir un peu de répit à une famille en exil.»

Eviter les traversées trop dangereuses

Ce dispositif diffère de la relocalisation, entre pays européens, des demandeurs d’asile déjà sur place. Les personnes qui bénéficient de la réinstallation ont été identifiées par le HCR, elles ont donc toutes les chances d’obtenir le statut de réfugié dans le pays d’accueil. Ce dispositif permet notamment aux exilés de se rendre dans le pays d’accueil sans avoir à remettre leur vie entre les mains des passeurs. «Nous souhaitons que cette forme d’accès se développe, car elle évite les traversées trop dangereuses», souligne Jean-François Dubost, responsable du programme pour Amnesty International.

En 2014, 500 Syriens ont été admis en France au titre de la réinstallation. La France s’était engagée à en accueillir 800 pour 2015. Trop peu, aux yeux du Haut Commissaire des réfugiés, António Guterres. Il estime que «les personnes considérées comme pouvant légitimement prétendre à une protection doivent bénéficier immédiatement de programmes de réinstallation de masse».

Samuel Socquet

Article paru le 24.09.2015 dans l »hebdomadaire Réforme n°3625

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